All the Murmuring Bones – Angela Slatter

All the Murmuring Bones d’Angela Slatter est un roman de fantasy gothique. Qu’allais-je donc lire cela ? me demanderas-tu ami lecteur habitué à me voir trop rapidement dénigrer les genres qui sortent de mes territoires bien cartographiés de SFeur dénué d’esprit d’aventure. Ce sont les chaudes recommandations qui m’en furent faites, lecteur, venues de gens sensibles aux belles plumes. Et bien m’en a pris car ce fut une belle lecture, quand bien même à l’arrivée je retiendrai la beauté des mots plus que l’émotion portée par le récit.

La jeune Miren est une O’Malley. La dernière. Sa famille fut riche et puissante, dominant le commerce maritime grâce, dit-on, à un accord passé avec les créatures magiques qui peuplent les océans, celles qu’on appelle les Mer, et qui a garanti de longues années la sécurité de la flotte O’Malley. Le contrat est cruel : pour l’honorer chaque génération de la famille dû livrer son troisième enfant aux flots. Un simple échange commercial. Mais ces jours sont désormais lointains, et les unions successives menèrent inexorablement à une dilution du sang familial. Pire encore, l’absence d’enfants en nombre suffisant mena à l’oubli du sacrifice exigé. L’empire commercial a périclité, les bateaux ont sombré, et la famille O’Malley n’est plus qu’un nom et un domaine en bord de mer. Une noblesse déchue. Miren elle-même n’est pas vraiment une O’Malley, mais au sein des branches de plus en plus éloignées, elle est celle qui se rapproche le plus de la lignée d’origine. Depuis longtemps ses parents ont disparu. Ils sont morts lui a-t-on dit. Seul espoir de voir renaître une gloire passée, au lendemain de la mort de son grand-père, la grand-mère de Miren la propose en mariage à un cousin dont elle verrait bien la fortune s’associer à son nom. Un simple échange commercial.

There’s an old woman, though, with plans and plots of long gestation; and there’s the sea, which have her due, come hell or high water; there are secrets and lies which never stay buried forever.

Vous devinez, puisqu’il y a roman, que les choses ne s’arrêtent pas là. Miren refuse de se voir imposer plus que les années de solitude et d’isolement qu’elle n’a déjà subit pour le nom O’Malley et s’enfuit. Poursuivie par les hommes, elle vivra de nombreuses aventures croisant en chemin des monstres, usant de charmes pour s’allier avec eux ou de magie pour les tenir en respect. Car Miren fut bien formée, par Maura, sa nourrice, et elle porte en elle les talents de sa mère qu’on disait un peu sorcière.

Des sorcières, des sortilèges, des créatures mortes et vivantes, des monstres et des lycanthropes, des fantômes… voilà le bestiaire fantastique qui peuple le roman d’Angela Slatter. Mais All the Murmuring Bones est avant tout l’histoire d’une jeune femme qui refuse de porter le poids des péchés commis par ses ancêtres, qui refuse le droit des hommes à disposer de sa vie, s’en libère et tente de réparer le mal qui fut fait sur l’autel de la fortune. L’horizon à atteindre n’est pas pour elle une fortune faite sur les mers, mais une vie construite par elle et pour elle. Il faudra toute la volonté de la jeune femme et le caractère forgé incidemment par la rudesse de l’éducation de sa grand-mère pour y arriver.

He says he loves me,

But I am wary of love.

Says he needs me,

And I am wary of need.

Roman de libération à l’esthétique gothique, All the Murmuring Bones reste inscrit dans les sillons d’un scénario qui, s’il propose de maints rebondissements qui participent pleinement au plaisir de la lecture, ne surprend jamais vraiment. Le chemin de la quête est classique et ses étapes sont connues. Le charme du roman repose entièrement, à mon sens, sur ses qualités de l’écriture de son autrice. All the Murmuring Bones est extrêmement bien écrit. Comme dans un long poème en prose, chaque phrase chante, possède ses rimes internes, son rythme et joue des subtilités de la langue anglaise. Fidèle à l’esthétique du roman de la première à la dernière phrase, le style d’Angela Slatter sert admirablement la description de ce monde fantastique et sa panoplie de personnages. Toute tentative de traduction trahira, et il en faudrait du talent pour retranscrire en français la beauté du texte.

Il m’aura toutefois manqué d’un peu d’humanité dans ce récit pour m’emporter totalement. La narration à la première personne, dans la voix de Miren, aurait dû créer un lien fort avec la principale protagoniste du récit. Mais jamais je n’ai vraiment ressenti pour elle. Les personnages secondaires, y compris parfois les monstres qu’elle croise en chemin, sont souvent plus chaleureux que Miren. Le poids de son héritage, son absence d’émotion ou presque, sa froideur nécessaire peut-être à l’accomplissement de sa vie propre, ont créé une distance qui m’a éloigné de son histoire. L’empathie m’a ici fait défaut. Reste la beauté du texte.


D’autres avis : Gromovar,


  • Titre : All the Murmuring Bones
  • Autrice : Angela Slatter
  • Publication : 8 avril 2021 chez Titan Books
  • Nombre de pages : 320
  • Format : papier et numérique

2 réflexions sur “All the Murmuring Bones – Angela Slatter

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