
J’ai fait la connaissance de Nathan Ballingrud à la sortie en 2019 aux États-Unis de son recueil de nouvelles horrifiques Wounds qui, bien que je ne sois pas particulièrement friand de récits d’horreur, m’avait fait forte impression par la plume évocatrice de l’auteur et les images inspirées de l’iconographie médiévale infernale qu’il déployait. Ce recueil a depuis été traduit par Alice Ray, très joliment dit-on, et est paru en septembre 2024 sous le titre Atlas de l’enfer aux éditions Les Moutons électriques. Malheureusement, André-François Ruaud a annoncé hier que la maison d’édition déposait le bilan après 20 ans d’activité, et les livres publiés ne seront rapidement plus disponibles.
L’auteur américain a publié en mars 2023 son premier roman de science-fiction, The Strange. Je l’ai lu à sa sortie et, ayant été déçu, je n’ai pas pris la peine de le chroniquer. Mais un camarade blogueur me faisait récemment remarquer qu’il est de plus en plus difficile d’orienter ses choix à la lecture des blogs tant il semble que les chroniqueurs se laissent aller au dithyrambe et se refusent à émettre des avis négatifs. Mea culpa, et donc : The Strange…
Le récit se déroule en 1931 sur Mars. L’astronaute américain Chauncy Peabody est le premier à avoir posé le pied sur la planète rouge, il y a une soixantaine d’années. Une petite colonie humaine s’est depuis développée, mais elle est limitée en taille et a tout du Far West. Sur cette Mars uchronique, on vit à l’air libre, bien qu’il fasse un peu frais, l’atmosphère est tout à fait respirable. L’action principale se déroule dans deux bourgades : New Gavelston, qui sert d’astroport, et Dig Town, une ville minière. La seule ressource de la planète est un minerai tiré du sol martien appelé le Strange. Il sert de source d’énergie et permet de donner — on ne sait comment — une illusion d’intelligence aux robots qui assistent les humains dans des tâches quotidiennes. D’autre part, une longue exposition à cette substance change la couleur des yeux, en leur donnant une teinte bleue de l’Ibad verte. Quelques mois avant le début du roman, la Terre est devenue silencieuse. Plus aucune nouvelle ne parvient jusqu’à Mars et plus aucun vaisseau n’arrive. Les Martiens sont isolés.
L’héroïne du roman est Anabelle, une jeune fille de 14 ans, qui tient avec son père le diner de la ville de New Gavelson depuis le départ de sa mère vers la Terre juste avant que les communications ne soient coupées. Un soir, le restaurant est attaqué par un groupe de brigands qui dérobent les cylindres de programmation du robot domestique, dont l’un contient le dernier enregistrement de la mère d’Anabelle. Elle va tout faire pour partir à la poursuite de ces brigands, avec l’aide de quelques adultes, et récupérer ce cylindre. Au fil de ses aventures, elle va découvrir que le Strange est bien plus qu’il ne semble et qu’il a des effets cruels sur les humains.
The Strange est un western. Qu’il se déroule sur Mars n’a en fait aucune conséquence. L’aspect uchronique n’est pas développé au-delà du simple fait que l’action se déroule en 1931. Aucune explication n’est fournie. Tout comme aucune explication n’est donnée au sujet de cette substance appelée le Strange, dont il faut reconnaitre qu’elle est très inspirée de l’épice de Dune. On assiste même à la brève apparition d’un ver des sables géant dans le désert martien. Au-delà de ces prémices qui auraient pu donner lieu à un roman intéressant, j’ai trouvé l’histoire contée totalement ridicule. Les motivations des personnages ne sont pas explicitées et leurs actions ne sont jamais crédibles. Tout ceci n’est que le prétexte à écrire une nième variation sur le thème des zombies dans un décor de western. Si on retrouve parfois le talent de l’auteur pour les scènes horrifiques et dans quelques descriptions, celles-ci sont bien insuffisantes pour en faire un roman intéressant. Grosse déception, donc, en ce qui me concerne.
D’autres avis : Gromovar,
- Titre : The Strange
- Auteur : Nathan Ballingrud
- Publication : 21 mars 2023, Titan Books
- Nombre de pages : 320
- Support : papier et ebook
Western sur Mars, ça aurait pu m’intéresser, mais vu ce que tu en dis… Bon, la barrière de la langue m’aurait empêché de comprendre le récit, de toute façon 😆
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C’est vrai que les articles critiques ont tendance à déserter les blogs. Une bonne descente en flammes, ça fait du bien de temps en temps…
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