
L’écrivain et scénariste Jean-Philippe Toussaint a lancé il y a quelques années un appel à contribution sur son site, que vous pouvez consulter en suivant ce lien, sous la forme d’un projet interactif dit Borges Projet. Il invitait auteurs et autrices à reprendre l’argument qu’il avait développé dans son roman La Vérité sur Marie (2009) autour d’une nouvelle imaginaire de Jorge Luis Borges, nommée L’Île des anamorphoses : « L’île des anamorphoses, cette nouvelle apocryphe de Borges, où l’écrivain qui invente la troisième personne en littérature finit, au terme d’un long processus de dépérissement solipsiste, déprimé et vaincu, par renoncer à son invention et se remet à écrire à la première personne.» restait donc à écrire ladite nouvelle, ou à en imaginer l’histoire et le destin. J’ignorais tout de ce projet qui a déjà reçu plus d’une centaine de contributions, jusqu’à ce que très récemment Emmanuel Brière Le Moan – illustrateur, notamment de Dune ; un chef d’œuvre de la science-fiction de Nicolas Allard (Dunod, 2020), et auteur – ne m’en révèle l’existence à l’occasion de la mise en ligne de sa propre contribution.
Il y avait cent manières différentes d’aborder la contrainte proposée, qui consistait en quelque sorte à écrire du Borges sans faire se risquer à copier maladroitement Borges, ainsi que vous pourrez le constater en parcourant les différentes contributions si l’envie ou la curiosité vous en prend. Si j’en parle ici sur le blog, vous vous en doutez bien, c’est que j’ai trouvé l’approche choisie par Emmanuel Brière Le Moan non seulement très habile dans sa construction, car il s’est emparé de la double contrainte en la résolvant par une mise en abyme qui éclaire à la fois le projet et le texte proposé, mais aussi par son intelligence car il inscrit de manière metatextuelle sa proposition dans la vie réelle et connue de l’auteur argentin, pour un résultat très… borgésien !
Je ne peux malheureusement vous en dire plus sur ce court texte de 4 pages, que vous pouvez lire en suivant ce lien : L’Île des anamorphoses, afin de ne pas gâcher la lecture, mais ce projet ainsi que la nouvelle d’Emmanuel Brière Le Moan pourrait intéresser les lecteurs de Borges et, pourquoi pas, donner des envies de contribution aux écrivains amateurs ou confirmés.
Le premier roman d’Emmanuel Brière Le Moan, Conte des cinq sens, doit paraitre en juin 2024 aux éditions Flatland.
Il a pas pu bossé ce matin, il a lu. Il aurait du, mais il a lu.
Il a essayé de comprendre l’anamorphisme pour finalement se dire que nos vies en étaient un bon exemple et que seul la Nature de Spinozza avait les bonnes lentilles.
Il n’a pas eu le temps de remercier cet étrange blogger venu du monde de Dune que déja le rêveur rêvé s’étire de sa matinée imaginaire. Vraiment ?
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