Comment écrire de la fiction – Lionel Davoust

J’ai lu, il y a quelques jours, Comment écrire de la fiction de Lionel Davoust, publié aux éditions Argyll, et je souhaite vous en proposer un bref retour. Bref, car il me faut préciser, si cela est nécessaire, que je ne suis pas écrivain et que je n’ai aucunement l’intention de le devenir. J’ai zéro talent et aucune imagination. De plus, cela me semble beaucoup trop difficile. Et puis, j’ai des chats à nourrir. Je ne suis pas compétent pour juger de l’intérêt de cet essai. Mon sentiment est simplement celui d’un lecteur curieux. Tout auteur ou autrice vous proposera à l’évidence un avis beaucoup plus pertinent que le mien.

En France, l’évocation même d’un guide d’écriture fait souvent froncer les sourcils. Je l’ai constaté. L’attitude anglosaxonne est différente et il existe en anglais de nombreux guides pour se lancer dans l’aventure de l’écriture de fiction. J’avais lu, il y a quelques années, les essais d’Orson Scott Card, Characters & Viewpoints et How to Write Science Fiction & Fantasy. Bien que son intention initiale n’était que de proposer des lignes directrices, ses propositions furent reprises à la lettre et sont devenues des méthodes d’écriture qui marquent de nos jours les écrits de nombreux auteurs et autrices de langue anglaise, parfois de manière très voyante. Scott Card proposait notamment l’idée de MICE quotient (pour Milieu, Idea, Character, Events), comme une série d’éléments à développer et à équilibrer dans son récit. Aujourd’hui, vous pouvez trouver sur internet des « MICE quotient calculator » ! Mary Robinette Kowal a développé plus encore la méthode en incluant notamment l’idée de Nested Code, ou arcs narratifs imbriqués les uns dans les autres. Si vous voulez savoir ce que donne une application rigoureuse de ses techniques, lisez par exemple The Fated Sky (Vers Mars), second tome de la série Lady Astronaute. Si vous connaissez les méthodes de composition en question, elles deviennent malheureusement voyantes au point de lasser. C’est là, je crois, le danger des méthodes et autres techniques lorsqu’elles sont appliquées de façon trop littérale. Un autre exemple que je citerai est Vita Nostra de Marina et Sergueï Diatchenko. Dans ce cas, la structure narrative suit un schéma éprouvé, clairement identifiable, mais elle est mise en œuvre au sein d’un récit d’une telle originalité qu’on se retrouve avec un chef d’œuvre qui laisse le lecteur à bout de souffle. Donc : ça fonctionne, ou pas, et le lecteur est le premier concerné.

J’en reviens donc à Comment écrire de la fiction.  Lionel Davoust prend bien soin d’éviter les chausse-trappes de LA Méthode. Dans son essai, il n’a de cesse de prévenir qu’il ne s’agit que de conseils, d’aides, et non de techniques à suivre à la lettre. Bien sûr, il parle de choses fondamentales que tout écrivain se doit de connaître pour réussir à capter l’attention de son lecteur, mais jamais ne propose de coucher son scénario sous la forme d’une équation qui déterminera le contenu de chaque chapitre. Il explique bien sûr les fondements du show don’t tell, principe fondamental dans la littérature de fiction : Montrez, ne dites pas. Il parle de points de vue, de personnages, de worldbuilding, mais aussi des promesses (et c’est important !) faites au lecteur et qui doivent être tenues. Et une fois encore, tous ces conseils trouvent leurs contre-exemples.

De mon point de vue de lecteur, Comment écrire de la fiction semble tout simplement pertinent. Ce qu’expose Lionel Davoust n’a rien de révolutionnaire. Il le dit lui-même, tout cela est le résultat de centaines d’années d’expériences cumulées, voire des millénaires. Ses propositions reposent sur le simple bon sens. Si on a déjà lu un certain nombre de romans en s’interrogeant sur leurs qualités et leurs défauts éventuels, sur ce qui pour nous en tant que lecteurs a fonctionné ou pas, on aura déjà perçu les idées au cœur de l’essai. Ici, Lionel Davoust les pose sur papier, les exprime de manière claire et structurée, les justifie et les critique, s’amuse et ajoute un humour bienvenu. Je l’ai trouvé intelligent et passionnant à lire pour peu qu’on s’intéresse au sujet. J’ajouterai que j’y ai trouvé des conseils qui peuvent tout autant servir aux traducteurs (la traduction étant une activité dans laquelle j’ai un peu sévi récemment). Je n’irai pas donner des conseils de lecture aux gens de lettres, mais si vous êtes comme moi un lecteur curieux des mécanismes qui sous-tendent vos lectures, c’est un court essai que je vous recommande chaudement.


  • Titre : Comment écrire de la fiction
  • Auteur : Lionel Davoust
  • Publication : 21 mai 2021, chez Argyll
  • Nombre de pages : 192
  • Format : papier et numérique

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