Zima Blue – Alastair Reynolds

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Alastair Reynolds est un écrivain gallois, docteur en astronomie et il fut astrophysicien à l’agence spatiale européenne pendant treize ans. Il quitta la recherche en 2004 pour se consacrer exclusivement à l’écriture. Son parcours scientifique le prédisposait au space opera et à la hard-SF, genres dans lesquels il s’est affirmé comme l’un des chefs de file en Grande-Bretagne. Parmi ses œuvres les plus connues se classent le cycle des Inhibiteurs (2000-2018) dont les quatre premiers tomes ont été traduits et publiés en France par Presses de la Cité, et la trilogie des Enfants de Poséidon (2012-2015) publiée chez Bragelonne. Sa plus récente production est la série young adult Revenger (2016-2019) dont le premier tome a été publié chez Bragelonne. Son chef d’œuvre reste à mon avis House of Suns (2008) qui à ce jour n’a toujours pas été traduit. (Mais pourquoi, par le Saint Gritche, pourquoi ? Hein ?)

Il se trouve qu’Alastair Reynolds est aussi un excellent nouvelliste, mais contrairement à ses romans, ses nouvelles n’ont jamais été traduites en français. Le recueil Beyond the Aquila Rift: the very best of Alastair Reynolds est un énorme pavé de 780 pages publié chez Gollancz en 2017 et qui regroupe vingt nouvelles et novella. Là encore, il y aurait urgence à traduire ça parce que C’EST DU LOURD comme on l’aime sur l’Epaule d’Orion. Parmi ces textes, deux nouvelles ont été adaptées en courts métrages d’animation dans la série Love, Death and Robots présentée par Tim Miller et David Fincher et diffusée depuis le 15 mars 2019 sur Netflix. Il s’agit de Beyond the Aquila Rift (devenue Derrière la faille dans l’épisode 7 de la série) et Zima Blue (devenue L’œuvre de Zima dans l’épisode 14 de la série). C’est à cette dernière qu’est consacré ce billet. Je vous reparlerai très certainement de ce recueil prochainement, et sans doute de Beyond the Aquila Rift. Parce que C’EST DU LOURD ! Sérieusement.

Loin dans le futur. Quelque part dans la Galaxie. Zima est un artiste renommé à travers l’univers humain éparpillé largement dans l’espace. Artiste de l’extrême, il est connu pour ses réalisations grandioses et la manière dont il a transformé son propre corps jusqu’à devenir un cyborg n’ayant plus besoin de dormir ou de manger et capable de survivre aux environnements les plus difficiles, là où il va chercher l’inspiration de ses œuvres. A la veille de la présentation de sa dernière œuvre, qui annonce son retrait de la vie publique après une longue vie de plusieurs siècles, il accepte la requête de Carrie Clay, journaliste et biographe, pour une interview. Il lui raconte comment, alors qu’il était déjà connu pour ses grandes peintures murales, un accident lui fit tracer un carré bleu, d’un bleu si particulier, sur l’une de ses peintures. Ce fut pour lui un choc, une révélation. Petit à petit le carré bleu est devenu sa marque de fabrique, il prit de l’ampleur, grandit jusqu’à couvrir ses tableaux qui devinrent des monochromes. Puis les tableaux devinrent des œuvres de plus en plus grandes, des tours, puis des installations orbitales, puis des comètes… La couleur fut alors connue sous le nom de Zima Blue, comme l’a été des siècles auparavant (c’est-à-dire à notre époque) le bleu de Klein de l’artiste niçois Yves Klein.

Cette quête artistique, devenue obsession, s’est accompagnée d’une recherche de soi pour Zima, une quête mémorielle, un retour à ses origines modestes. Il est maintenant prêt à rentrer chez lui.

« Some people get it. Some people never will. But that’s art. »

Zima Blue est une perle d’humanité. Si vous avez vu la série Love, Death and Robots, et en connaissez la fin, elle perdra évidemment de son charme. Mais si ce n’est pas le cas, sa conclusion vous laissera inévitablement subjugué. Texte sur la démarche artistique autant que sur la quête d’humanité, c’est une superbe nouvelle d’un auteur qui sait être très surprenant quand il s’aventure hors de ses territoires habituels comme c’est le cas ici. Zima Blue a été publiée dans différents recueils en anglais. On est en droit de l’attendre un jour en français. Des textes comme celui-là, on n’en croise pas souvent.



11 réflexions sur “Zima Blue – Alastair Reynolds

  1. Recueil que j’ai reçu pour mon p’tit Noël, d’ailleurs, et qui a une fort chouette couverture en plus du reste (mais sa taille me décourage un peu). Et oui, il y a urgence à traduire House of suns, je n’arrive pas à comprendre moi non plus pourquoi cela n’a pas été fait, depuis le temps qu’il est sorti en VO (une question de droits, probablement, ou de traduction trop onéreuse). Belle remise en avant de l’auteur, bravo Feyd 😉

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  2. L’oeuvre de Zima faisait partie de mon quatuor de tête d’épisodes préférés de la série. J’aimerais bien en lire le format nouvelles mais en français 😀

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  3. Je suis un grand fan d’Alastair Reynolds. À mes yeux un des plus grands auteurs de SF. N’étant pas critique et n’ayant pas un esprit fait pour les analyses d’œuvres littéraires, je serais curieux de lire vos critiques sur ceux que je j’ai lu et qui ne sont pas dans votre liste :
    – Pushing Ice (quelques longueurs mais qu’on surmonte aisément)
    – Terminal World (démarre façon steampunk et fini pure SF)

    Évidemment House of Sun est un chef d’œuvre magistral. Revenger, bien que pour jeunes adultes, est malgré tout assez prennant.

    En tout cas, je suis heureux d’avoir découvert votre blog : merci !

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