
En 2018, les éditions Le Bélial’ fêtaient la rentrée littéraire en lançant une opération, commerciale, certes, mais généreuse, et offraient un texte inédit en français de Ken Liu, Sept anniversaires, pour l’achat de deux titres de leur collection phare dédiée aux textes courts, Une Heure-Lumière. L’opération ayant été un succès, l’éditeur a remis le couvert cette année en proposant un nouveau numéro hors-série et on ne peut que s’en réjouir. La novelette retenue cette année est Isabel of the Fall de l’auteur britannique Ian R. MacLeod, texte initialement publié dans le numéro 169 de la revue Interzone en Juillet 2001. Traduit par Michelle Charrier, Isabel des feuilles mortes s’inscrit dans le même univers que Poumon Vert publié dans la collection UHL en 2017. Dix Mille et Un Mondes est à ce jour habité de quatre textes, dont deux sont désormais traduits. Situé dans un futur lointain, multi-planétaire, d’inspiration moyen-orientale, où la rigidité des traditions et des religions rencontrent les technologies les plus fantastiques, Dix Mille et Un Mondes est un univers de science-fiction à la fois merveilleux et cruel qui déjà à la lecture de Poumon Vert m’évoquait le Dune de Frank Herbert. (Si jamais vous en doutiez, Dune est ici un éternel favori). Cette proximité se confirme à la lecture d’Isabel des feuilles mortes.
« Il était une fois… » McLeod prévient en ouverture du texte : il nous embarque dans un conte, une histoire incertaine, et nous sommes à Gezira. Isabel n’est ni belle ni moche, pas complètement stupide mais pas franchement intelligente. Enfant perdue au lendemain de la Guerre des Lys, elle est recueillie par l’Eglise de l’Aube pour devenir, après un long apprentissage du photon et de l’optique, Chanteuse de l’Aube. Lors de la cérémonie d’incorporation qui aurait dû la rendre aveugle en contemplant l’Œil de Sabil qui apporte la lumière à Gezira, elle baisse les paupières et garde la vue. Alors elle apprend à ne plus voir. Chaque matin, elle est montée au crucifix et chante la lumière naissante. Ainsi se déroule la vie ritualisée d’Isabel. Jusqu’à un jour où le brouillard, un miroir défectueux et une jeune fille qui danse, lui font à nouveau ouvrir les yeux et braver les interdits. De ce pas léger de côté, naîtront une amitié, une passion (au sens religieux), une légende et un nouveau monde.
Isabel des feuilles mortes est un texte poétique et profond, d’une beauté qui éclaire ce que peut être la science-fiction à ses sommets. L’écriture de Ian MacLeod est puissamment évocatrice, laissant le lecteur deviner sous les mots les vérités non dites, et convoque la richesse de dix milles et un mondes en quelques 38 feuilles d’une vie magnifiée. Là, une fois encore, la traduction de Michelle Charnier laisse béat. Sublime !
D’autres avis : Just A Word, C’est pour ma culture, Au pays des Cave Trolls, L’Albedo, Le bibliocosme, Apophis, Xapur, Lorhkan,
Poumon vert est l’un des seuls UHML que je n’ai pas lu… ca ne m’inspire pas plus que çà. Du coup, ne pas avoir ce HS 2019 me manque moins que l’an dernier. 😉
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Rhaaaaa. Il est superbe le poumon vert !
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Moi non plus je n’étais pas attirée plus que ça par ce hors-série. Et pourtant, je trouve qu’il serait dommage de s’en priver car, pour moi, c’est une vraie pépite! Je l’ai lu d’une traite!
Je ne pense pas que la lecture de » Poumon vert » soit indispensable. Il s’agit du même univers, mais pas du même monde.
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En effet, lire “Poumon vert” n’a rien d’indispensable — c’est juste un plus. En revanche, les deux autres nouvelles de MacLeod situées dans les Dix Mille et Un Mondes, “The Cold Step Beyond” et “The Memory Artist”, prennent place sur Gezira, et permettent accessoirement de mieux comprendre la nature de ce monde. Elles ne sont peut-être pas aussi fortes que “Isabel des feuilles mortes” mais restent de haute qualité.
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On peut les trouver où ces deux nouvelles ?
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Râââh, juste au moment où j’allais poster un avis dessus ! Je ne serais donc jamais le premier ?
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Essaye encore ! 😉
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En même temps, être le premier n’a qu’une importance très relative. Ce qui compte, c’est d’être le plus pertinent. Tu me diras, ça ne change rien à ton problème, vu que Feyd est souvent le premier ET le plus pertinent 😉
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Et comme tout ce que dit Apophis peut être gravé dans le marbre, je n’ai rien à ajouter. 😂
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On peut dire que cela s’est joué à une virgule près ! 😀
Sinon il y a Just a Word qui a aussi publié son billet. 😉
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Reçu aujourd’hui, je compte le lire ce soir ou demain. Alors, je reviens lire après!
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Je n’ai pas aimé Poumon vert mais ce texte est très intriguant.
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Les deux textes sont indépendants. Toutefois, l’écriture est proche et celui-ci est plus poétique encore. C’est à tenter.
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