Salvation – Peter F. Hamilton

salvation

Le 6 Septembre dernier a vu la sortie très attendue du nouveau roman de Peter F. Hamilton, Salvation. Il s’agit du premier tome d’une série annoncée comme une trilogie, Salvation Sequence. L’auteur anglais a depuis longtemps établi une solide réputation d’écrivain prolixe et prolifique de space opera et de géniteur de mondes complexes et travaillés, avec les cycles de Pandore et du Vide, tous deux se déroulant dans l’univers du Commonwealth à 1200 années d’écart.

Le cycle Salvation Sequence n’est pas relié au Commonwealth, mais représente la création par l’auteur d’un univers entièrement original, nous dit-on. En effet, dans Salvation l’humanité a créé, grâce à la maîtrise de l’intrication quantique, des portails permettant de voyager instantanément, et au mépris des distances, entre deux points éloignés de l’univers.  L’humanité a ainsi pu ainsi sortir du système solaire jusqu’à des dizaines voire de centaines d’années lumières, quoi que les planètes hospitalières se fassent rares. Les portails ont totalement remplacé les moyens de transports habituels, que ce soit le métro, l’avion ou les vaisseaux spatiaux. De plus, des représentants d’une race extraterrestre se sont infiltrés secrètement sur Terre pour y mener des actions secrètes, alors qu’une autre menace l’expansion humaine. Sur Terre, des forces de sécurité enquêtent sur un groupe terroriste aux motivations troubles. Rien à voir avec le Commonwealth vous dis-je. Un instant…

Peter F. Hamilton ne serait-il pas là en train d’essayer de nous refourguer, ni vu ni connu vas-y que je t’embrouille, une réécriture du cycle de Pandore ?

Salvation propose non pas une histoire mais trois arcs narratifs, impliquant de multiples personnages, et se déroulant à différentes époques. Tout commence lorsque, captant une émission radio depuis la Terre, la civilisation extraterrestre Neáma envoie une mission d’exploration de quatre individus qui vont se fondre discrètement dans la population humaine. Une autre civilisation extra-terrestre, les Olyix, s’est manifestée, pacifiquement, il y a une soixantaine d’années et est repartie mener la longue quête religieuse qui la pousse à traverser la galaxie, non sans avoir procédé à des échanges de technologie qui ont servi l’humanité, notamment en allongeant considérablement l’espérance de vie.

Le présent

En Juin 2204, Feriton Kayne, le directeur adjoint de la sécurité de la très puissante compagnie Connexion Corp qui gère l’installation et l’utilisation des portails, monte une mission d’investigation pour aller enquêter sur un artefact extra-terrestre retrouvé à 89 années lumière de la Terre, sur un caillou nommé Nkya. La mission est composée de lui-même, de Callum Hepburn, ancien employé de Connexion Corp, Yuri Alster, qui est le boss de Kayne, Kandara Martinez, spécialiste des opérations spéciales et mercenaire, et Alik Monday, agent du FBI. L’artefact extra-terrestre s’avère être un vaisseau spatial qui s’est crashé 32 ans auparavant sur Nkya et qui contient 17 modules d’hibernation dans lesquels se trouvent enfermés… des humains. Cela va être la mission de l’équipe que de trouver des réponses à ce mystère qui pourrait bien remettre en cause l’idée que l’humanité se faisait jusqu’ici de ses relations pacifiques avec les civilisations extraterrestres, en ce rendant sur place. Mais, ce n’est pas tout. Kayne n’a pas choisi son équipe par hasard et il soupçonne l’un d’eux d’être un extraterrestre infiltré. Donc Hamilton nous rejoue bien une autre version de Pandore. Oh, mais attendez…

Le passé

Hepburn, Alster, Martinez, et Monday ont des passés communs, chargés, qu’ils vont raconter tour à tour, durant le voyage à la surface de Nkya jusqu’au vaisseau spatial extraterrestre, en apportant chacun les détails d’une histoire qui se met petit à petit en place. Ce premier tome est essentiellement le récit (à la troisième personne) du passé de ces hommes. Nous voilà donc rassurés, ce n’est pas le cycle de Pandore qu’Hamilton réécrit, mais Hypérion de Dan Simmons ! Oh, mais attendez…

Le Futur

Dans un lointain futur, soit plus de 500 ans AA (Après l’Arrivée), nous suivons la formation du jeune Dellian sur la planète Julos qui se trouve à des années lumières de l’ancienne Terre. Lui et ses amis, nous le découvrons petit à petit, sont formés, à travers un sport se jouant en gravité réduite, à devenir des combattants qui, une fois adultes, devront  affronter un ennemi qui pourchasse les derniers hommes libres de la galaxie. Nous voilà donc rassurés, ce n’est pas Hypérion de Dan Simmons qu’Hamilton réécrit, mais la Stratégie d’Ender d’Orson Scott Card !

En conclusion

Je ne sais pas vous, mais en ce qui me concerne, à la lecture de ce premier tome, j’ai comme une impression de déjà lu.  Bien sûr, Peter F. Hamilton construit très bien son monde, entre space opera et enquête policière à l’ambiance cyberpunk. Salvation est un roman plaisant à lire, même si, comme à son habitude, Hamilton a tendance à beaucoup délayer. Personnellement, j’en ai rien à battre que la grand-même de Callum lui ait donné le goût des œufs au bacon qu’il se prépare le matin, pendant trois pages. C’est bien simple, je m’en moque presque autant que de la description détaillée, rue par rue, carrefour par carrefour, des hubs de transport de la ville de Londres au XXXIIIe siècle. C’est long. Très long. Sur les 544 pages du livre, on peut tranquillement en enlever la moitié sans rater une miette de l’histoire. À la fin, tout de même, les différents récits se lient efficacement. Mais cela ne change en rien ce vilain goût de resucée. Je lirai la suite, tout en espérant qu’Hamilton ne nous réécrive pas Star Wars ou Astérix et Obélix chez les Martiens.

Ce premier tome a été traduit chez Bragelonne et publié le 14 Novembre 2018 sous le titre Salvation – Les portes de la délivrance. La suite, Salvation Lost est programmée pour Octobre 2019.


Autres avis sur la blogosphère : pas mieux pour Gromovar, Chut…Maman lit.


Titre : Salvation
Série : Salvation Sequence (1/3)
Auteur : Peter F. Hamilton
Publication : 6 Septembre 2018 chez McMillan
Langue : anglais
Nombre de pages : 544
Format : ebook et papier.


21 réflexions sur “Salvation – Peter F. Hamilton

  1. J’avais eu un peu la même sensation à la lecture de « La grande route du nord » : ça ressemblait à l’univers du Commonwealth mais ce n’était pas l’univers du Commonwealth.

    On ne dira pas que son imagination est en train de s’épuiser : on dira plutôt qu’on aimerait lire autre chose de sa part 😉

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  2. A lire ta critique, j’ai l’impression qu’Hamilton a mélangé La grande route du nord et Pandore (en plus de Card et Simmons), ce qui confirme que depuis quelques livres, il est un peu en perte de créativité et tourne en rond (même si le dernier diptyque paru en français n’est pas dégueu du tout).Du coup, là, je suis bien ennuyé : d’un côté ton avis m’a refroidi, d’un autre j’ai lu chaque Hamilton à sa sortie (française) depuis… le 1er janvier 2000. Bref, je me demande si je ne vais pas attendre que la trilogie entière soit sortie, pour une fois.

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  3. Arf… ta chronique me déçoit un peu… même si j’ai trouvé son dernier diptyque assez sympa (surtout pour les fans d’ailleurs), j’attendais un « vrai » renouveau.
    Je le lirai parce que je sais que le style me plaira (et qu’il va être là aux rencontres de l’imaginaire de sèvres), mais bon du renouveau ça serait pas mal aussi.

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  4. Bon, bon, bon…. Tu me refroidie un peu quand même. Je n’ai pas encore tout achevé en terme de romans de Hamilton (seulement 5 à mon actif). Je vais enchainer sur la trilogie du vide et ensuite L’aube de la nuit.

    Mais, je partage ton sentiment quand j’ai lu le dernier Reynolds, j’ai été un peu dépitée.

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  5. Effectivement on sent bien les inspiration diverses, mais le résultat est encore une fois très bon !
    Les allers retours de l’histoire entre le présent et le futur m’ont aussi bcp fait penser à la trilogie du vide, le côté Fantasy en moins.
    L’aspect enquête rappelle aussi Greg Mandel.

    Mais même s’il ré utilise certaines idées piochées à droite et à gauche, dans ses romans ou d’autres, il arrive encore une fois à créer en quelques pages un univers bourré de technologie sacrément crédibles !

    Pour ceux qui veulent lire du Hamilton un peu différent sautez sur l’aube de la nuit si pas déjà fait !

    J’ai aimé le clin d’œil à space x dans la chronologie de la fin 🙂 surtout que jai fini le livre le jour où Space x fait décoller la mission test de crew dragon 😉

    Hâte de lire la suite !

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  6. Je viens de finir ce tome 1 et franchement moi qui suis un inconditionnel d’Hamilton, je trouve ici qu’il se moque un peu de ses lecteurs ou il a épuisé sa veine créative. L’intrication quantique et autre trous de vers sont d’ailleurs passablement à la mode. Non seulement on a du recyclé, mais en plus un délayage digne de Balzac avec d’innombrables détails qui n’apportent rien ni à l’univers ni aux intrigues. Je trouve de plus que les personnages sont passablement manichéens. Je lirais quand même le T2 on ne sait jamais.

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  7. J’éprouve exactement les mêmes réserves que toi et les défauts de ce premier volume sont encore plus vrais dans le second. En revanche, le troisième et dernier tome est une tuerie et justifie totalement la patience dont on a fait preuve à la lecture des deux précédents opus. Force toi un peu et tu ne le regretteras pas. Voici ce que j’en ai dit ailleurs :
    https://chutmamanlit.fr/2021/09/salvation-tome-2-les-chemins-de-lexode-de-peter-f-hamilton/

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  8. Finalement j’ai attendu d’avoir les 3 volumes en main pour tout lire d’un seul coup car il y a tellement de personnages et d’actions répartis sur des millénaires et des années-lumière que sinon on perd le fil (je devrais dire les fils). Globalement, on retrouve les qualités de l’auteur bien que le tout soit largement dilué dans un style verbeux plutot fatiguant. Il y a beaucoup de répétitions et détails vraiment inutiles comme la couleur des vêtements que choisit untel ou la description de Londre etc. Bien sur les nombreux emprunts à ses autres romans et à ceux de ses collègues sont flagrants mais il sait y mettre sa touche et ce n’est pas désagréable. Il cède ici à l’air du temps avec l’utilisation des pronoms de genre dit non binaire , au transhumanisme, à l’intrication quantique ou encore et au particules exotiques. Tout cela n’est pas forcément désagréable si au cours du récit le nombre de fautes de français n’augmentait pas significativement. (mot qui n’existe pas « célestiel » « mentaliquement » , utilisation de qui à la place de que, …). C’est peut-être un problème éditorial car le traductueur ne nous a pas habitué à cela. Ce qui aurait pu être une œuvre majeure est gâché par un délayage inutile (presque la moitié du texte est inutile) et une qualité du français discutable.

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    1. Merci de ton avis sur l’ensemble de ce cycle, Phacide. Je me suis arrêté au premier avec, éventuellement l’idée de continuer mais… Ton avis ne m’y pousse pas vraiment. On verra…

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