Le Volcryn – George R.R. Martin

volcryn

Avant de se mettre à dézinguer ses personnages par brouettes entières sur Westeros, George R. R. Martin dézinguait ses personnages par brouettes entières dans l’espace. Un texte de science-fiction écrit par George R. R. Martin, ce n’est pas courant, ou on l’a oublié, et pourtant ils étaient bons puisqu’il en a même fait des prix. En 1981, un de ces prix fut le Locus pour la novella Nightflyers. Ce texte de SF horrifique écrit en 1980 a été adapté en film en 1987 (Nightflyers), va être adapté en série sur Netflix (qui, d’après le trailer, n’a que peu de rapport avec la novella), a été traduit en français en 1982 chez Presses de la Cité puis réédité par ActuSF en 2000 sous le titre Le Volcryn, et va l’être à nouveau en 2018… Et, c’est un texte recommandé par Apophis.

Donc, j’ai lu.

Dans l’espace, personne ne vous entend crier

Alors que l’humanité en était encore à ramper dans le système solaire et s’apprêtait tout juste à aller taquiner les volutes de Jupiter, voilà qu’elle découvre l’hyperpropulsion. De quoi vous chambouler tout un programme spatial. De fait, plus personne ne s’intéresse aux géantes gazeuses et l’humanité s’est dispersée à travers la galaxie sur de multiples planètes rocheuses au point que certains ont même oublié où pouvait bien croiser cette bonne vieille Terre. L’humanité n’est pas seule et a rencontré différentes autres espèces : les Hrangans, les Damoosh, les Fyndii, les palpeurs d’Aash, les Nor T’alush, les Dan’lai, les Ullish, les Rohenna’kh… bref, il y a du monde dans l’univers, quand bien même certaines de ces espèces sont plus ou moins légendaires. S’il en est une qui peut pleinement revendiquer le statut de légende, c’est le Volcryn. Ou Les Volcryns. On ne sait pas. Nombreuses sont les civilisations extraterrestres dont le folklore fait mention du Volcryn. Et nombreux sont les récits qui se contredisent à son sujet. Ce dont on peut être à peu près sûr, c’est qu’un vaisseau est parti du centre de la galaxie alors que l’humanité pataugeait encore dans la gadoue, qu’il ne s’est jamais approché à moins d’une année lumière d’une planète habitée, et qu’il poursuit son chemin tout droit vers l’extérieur à une vitesse subluminique. C’est ça le Volcryn.

Karoly D’Branin est obsédé par le Volcryn, au point d’y consacrer toute sa carrière de chercheur au sein de l’Académie. Il a regroupé les textes et les traditions faisant mention du Volcryn et a réussi à le tracer. Tant bien que mal, il parvient à monter une mission ayant pour but de partir à la rencontre du vaisseau Volcryn à l’aide d’un navire équipé de l’hyperpropulsion. Ce navire sera l’Armageddon, un vaisseau cargo piloté par le commandant Royd Eris. Son équipe est composée de 5 femmes et 3 hommes : Thale Lamasser, le frêle télépathe, Agatha Marij-Black, l’hypocondriaque psychopsi, Alys Northwind, la courtaude xénotechnicienne, Lommie Thorne, la peu expressive cybernéticienne, Rojan Christopheris, le cynique xénobiologiste, Dannel et Lindran, les inséparables linguistes, et Melantha Jhirl, fille de deux devins généticiens de Prométhée et « perfectionnée ».

Peu après le départ, les choses vont prendre une tournure pour le moins étrange dès lors que le commandant Royd Eris refusera d’apparaître parmi eux autrement que sous la forme d’une projection holographique. Thale Lamasser, le télépathe, va rapidement devenir paranoïaque, convaincu de la présence d’un danger à bord de l’Armageddon, Et le huis-clos spatial va se transformer en cauchemar. Spoiler : ça va dézinguer !

L’ensemble est assez classique pour un huis-clos spatial de SF horrifique, mais c’est très efficacement écrit. Le format du huis-clos est rodé et la dynamique du groupe des scientifiques fonctionne parfaitement face à la menace inconnue qui s’empare de leur habitat. Nous sommes quelque part entre Alien pour l’ambiance, et Vision Aveugle de Peter Watts pour l’équipage de freaks. Ce rapprochement avec le roman de Watts se retrouve aussi à la fin du roman lorsqu’on découvre enfin le Volcryn. C’est peut-être là d’ailleurs la meilleure idée, et la plus originale, du roman de GRRM. Ce texte court de 170 pages se lit en 2 heures tout au plus et c’est indéniablement une excellente lecture.


Voir aussi les avis d’Apophis, de Gromovar, de BlackWolf, de Xapur, de Vert, d’Artemus dada, de Célindanaé au Pays des Cave Trolls, Evasion imaginaire,


Titre : Le Volcryn (Nightflyer)
Auteur : George R. R. Martin
Publication originale : 1980
Traduction : Odile Sabathé-Ricklin pour ActuSF
Nombre de pages :  192
Format : papier et ebook


20 réflexions sur “Le Volcryn – George R.R. Martin

  1. J’avais déjà envie de le lire depuis un bon bout de temps, les dernières chroniques ont ravivé fortement cette dernière. Je l’ai dans ma PAL? et j’ai un challenge de Short Stories de SFFF. Tout cadre. Je vais me le faire!
    Merci d’avoir donner la dernière pichenette. Et puis quand tu associes Alien &Peter Watts, je ne peux que suivre cette voie.

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  2. J’avais lu la chronique d’Apophis qui avait vraiment su écrire les mots pour me donner envie de m’intéresser de plus près au bébé, mais ta chronique confirme que je dois en fait me le faire. Et c’est vrai qu’après coup, j’ai pas vraiment de SF horrifique dans ma PAL 😥 Merci pour ce retour de lecture.

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